Une plainte à 777 millions d’euros pour Valve, résumé du non-E3

L'actu de la semaine du 16 juin

‌« L'information comme moteur, le rire comme carburant » : telle est depuis toujours la devise de Nostick Reloaded, votre infolettre hebdomadaire s'étant donné pour mission de vous résumer l'actualité de la semaine dans le petit monde du jeu vidéo. Et entre cette histoire de skin à 500 $ sur LoL, le non-E3 et le Steam Néo Fest, on ne peut pas dire qu’on s’est tourné les pouces.

L’actu de la semaine

Par Mickael

Obsidian croit en sa bonne étoile pour ne pas fermer

Le succès du dernier showcase Xbox n’a pas complètement oblitéré des mémoires la fermeture d’Austin Arkane et de Tango Gameworks début mai. Microsoft, tout à sa recherche effrénée de rentabilité, n’en a sans doute pas terminé avec les mauvaises nouvelles du même genre. Et on redoute le pire pour les studios qui n’ont pas d’énormes franchises sous le coude comme Doom ou Call of Duty, des titres assurés d’empiler les billets verts.

Ça avait été le cas pour Ninja Theory qui sort tout juste de Hellblade II ; le succès (tout relatif a priori) du jeu faisait craindre une fermeture précoce mais fort heureusement, le studio a reçu le feu vert pour développer un nouveau projet. Rebelote pour Obsidian, dont le prochain RPG Avowed va faire face à la redoutable concurrence de Dragon Age. Le hic, c’est que le studio a un peu de mal à expliquer ce qu’est le jeu, son gameplay, voire l’univers dans lequel il baigne.

Peut-être qu’Avowed, en gestation depuis des années et qui doit sortir d’ici la fin 2024, sera un carton monumental, mais peut-être pas. Carrie Patel, la directrice du jeu, ne « vit pas dans la peur », affirme-t-elle pourtant chez Eurogamer. Et l’épée de Damoclès que Microsoft fait planer autour de ses studios first party n’a pas eu de conséquence sur le processus créatif : « Vous devez vous investir dans ce que vous faites, et vous devez y croire ».

Matt Hansen, le directeur artistique, se sent « profondément supporté, aussi bien en interne chez les développeurs et les fans, mais aussi par Microsoft ». Durant ces 20 dernières années, Obsidian a livré de gros jeux comme Fallout: New Vegas, mais aussi Pentiment et Grounded.

Le retour (réussi ?) de BioWare avec Dragon Age: The Veilguard

Après un développement chaotique débuté en 2015, Dragon Age: The Veilguard a finalement été dévoilé en long, large et travers par BioWare durant le Summer Game Fest (SGF). Ce quatrième épisode de Dragon Age, qu’on a longtemps connu sous le nom Dreadwolf, va opposer le joueur et son équipe à Solas, apparu dans le précédent opus, Inquisition. Le problème des méchants c’est qu’ils ne disparaissent jamais tout à fait…

Ceux qui s’accrochaient à l’idée d’un RPG classique avec combat au tour par tour seront déçus : comme son prédécesseur, Dragon Age: The Veilguard est un action RPG. Il faut en effet jouer de la manette durant les combats, même s’il est possible de mettre sur pause pour donner des instructions à ses camarades. Les joueurs qui cherchent une expérience RPG plus traditionnelle peuvent toujours relancer une petite partie de Baldur’s Gate 3 !

D’après la vidéo de gameplay montrée par BioWare, on risque bien de passer beaucoup de temps à fracasser des méchants et des créatures ! Le développeur promet néanmoins que les joueurs moins portés sur la bagarre ne seront pas oubliés, ils pourront aussi se plonger dans les délices stratégiques autant qu’ils le veulent.

Parmi les petites indiscrétions sorties ces derniers jours sur le jeu, Gary McKay le directeur général du studio a expliqué que son équipe avait testé la possibilité d’un mode multi. Finalement, il a jeté son dévolu sur une aventure en solo.

Les petits coquinous que vous êtes se demandent probablement ce qu’il en sera de la romance dans le jeu. Corinne Busche, la directrice du jeu, a précisé que tous les compagnons du joueur sont pansexuels : ils sont attirés par les personnes indépendamment de leur sexe, de leur identité de genre, ou de leur race dans le jeu (humain, nain, elfe, qunari…).  Dragon Age: The Veilguard sortira cet automne sur PC, PS5 et Xbox Series S/X.

Jamais 2 sans E3

Si l’E3 n’existe plus, les éditeurs ont tout de même profité de ce début de mois de juin pour tenir leurs grandes conférences. Le week-end dernier a été chargé, marqué par une demi-douzaine de showcases que nous avons résumés du mieux que nous pouvions sur Nostick. Ubisoft, Xbox, Devolver… il y en a pour tous les goûts !

Star Wars Outlaws : la démo qui déçoit

Ubisoft a le chic pour provoquer la polémique à chacun de ses gros jeux. On passera sur la campagne orchestrée par les trolls racistes, toujours les mêmes, qui essaient de pourrir le lancement d’Assassin’s Creed Shadows (pensez donc, un Noir samouraï… alors que le personnage a vraiment existé ! ). Non, cette fois c’est moins grave mais cela n’en reste pas moins un revers pour Star Wars Outlaws.

L’open world a été présenté plus en détails pendant le SGF et la démo présentée par Ubisoft n’a pas remporté tous les suffrages. Malgré les qualités esthétiques du jeu, qui sont indéniables, des testeurs ont noté que le gameplay avait un air de famille avec Uncharted. Un compliment pour certains, un reproche pour d’autres, sachant que la saga de Naughty Dog n’est pas de la dernière fraîcheur.

Julian Gerighty, le directeur créatif du jeu, a réagi à cette comparaison dans VGC. « Pour moi, [Uncharted] n’était pas nécessairement notre point de référence », explique-t-il. « C’est un jeu merveilleux, donc si vous devez vous comparer à quelqu’un, autant que ce soit le meilleur de l’industrie (…) Mais ce n’était pas notre point de départ ».

Le problème rencontré par les testeurs, c’est qu’on leur a vendu un jeu en monde ouvert et qu’ils sont tombés sur une démo de 20 minutes censée présenter rapidement plusieurs aspects du jeu et de ses systèmes. « Nous avons dû choisir quelque chose de 20 minutes, facile à consommer, avec beaucoup de variété, de nombreux systèmes représentatifs, mais pas l’expérience en monde ouvert », détaille le responsable. Star Wars Outlaws sera beaucoup plus vaste que les quelques activités proposées par la démo. Il faudra une trentaine d’heures pour venir à bout du jeu, le double pour les complétistes. Et c’est bien suffisant.

League of Legends : rira bien qui Ahri le dernier

L’économie des skins dans les jeux, et pas que les free to play, est hors de contrôle. Les éditeurs cherchent à rentabiliser à tout prix, quitte à régulièrement provoquer une saine colère des joueurs las de se faire presser comme des citrons. Riot est allé probablement un cran trop loin avec une skin vendue la bagatelle de 500 $ (!) pour rhabiller de pied en cap l’héroïne Ahri dans League of Legends.

League of Legends
Ahri dans sa skin à 500 $. Franchement, ça les vaut.

Attendez, quoi, 500 $ pour un jpg ?! Il s’agissait pour l’éditeur de saluer l’introduction du joueur Faker dans son Hall of Legends, le premier du genre. Une explication un peu courte pour les autres joueurs qui se sont étranglés devant le montant de l’étiquette. « Il y a beaucoup de gens contrariés à propos de cette skin », a admis Pu Liu, le directeur du jeu.

L’éditeur s’était déjà justifié dans une vidéo, expliquant que le prix élevé de la skin visait à couvrir le coût des compétitions d’esport organisées autour de LoL. Un peu léger, alors que les prix des packs de cosmétiques tournent autour de 20 à 35 $. C’est cher certes, mais on est loin de la somme folle demandée pour Ahri.

Pu Liu, qui a réitéré que la skin ne conférait aucune capacité supplémentaire au joueur, a donné une explication plus convaincante : « il y a des joueurs prêts à dépenser 200 $ par mois pour leurs loisirs. Dieu sait combien j’ai dépensé pour des figurines Warhammer. Mais il est vraiment important que nous capturions cette volonté et cette capacité à dépenser ». Il s’agit tout simplement de faire cracher au bassinet les whales, ces joueurs pleins aux as et accros au jeu.

Une plainte à 777 millions d’euros pour Valve

Valve a t-il abusé de sa position dominante au Royaume-Uni ? Comme partout ailleurs, Steam domine la distribution de jeux vidéo outre Manche, mais des consommateurs représentés par Vicki Shotbolt estiment que l’éditeur a poussé le bouchon trop loin.

Dans sa plainte, la militante des droits numériques affirme que Valve a « exclu injustement» la concurrence sur les jeux PC et les achats intégrés, en obligeant les éditeurs à « accepter des restrictions de prix qui dictent un prix minimum auquel les jeux peuvent être vendus sur des plateformes concurrentes »

Autrement dit, les joueurs britanniques auraient donc payé trop cher pour ces logiciels. Valve prélève 30 % sur les jeux vendus dans Steam, une commission jugée excessive. L’affaire, qui pourrait mettre des années à aboutir, risque de coûter très cher à l’opérateur de Steam : la class action inclut tous les joueurs habitant au Royaume-Uni ayant acheté un jeu ou des contenus depuis juin 2018 ! Soit quelque chose comme 14 millions de joueurs.

Chacun d’entre eux recevraient entre 22 et 44 livres, soit un total qui se monterait à 656 millions de livres, l’équivalent de 777 millions d’euros.

Mais aussi

Les sorties de la semaine

Par Félix

Les Démons de minuit

Bouh !

Accrochez-vous parce qu’on va commencer avec un jeu 100 % japonais : Shin Megami Tensei V : Vengeance, qui est sorti sur PC et consoles cette semaine. Pour ceux qui ne connaissent pas (ce qui ne serait pas surprenant étant donné que c’est quand même assez niche), Shin Megami Tensei est une série de jeux de rôle japonais plutôt d4rk qui a eu droit à pas mal de spin-offs, notamment les Personas qui ont un peu plus percés par chez nous. Ici, le ton est beaucoup plus grave avec un univers de Fantasy post-apo dans lequel on va devoir sauver le monde d’un conflit millénaire entre anges et démons. C’est du J-RPG pur jus avec de l’exploration en monde ouvert et de gros donjons, le tout entremêlé de bonnes séances de bla-bla. Cette édition Vengeance est une version améliorée du cinquième opus initialement sorti sur Switch en 2021 : il y a de nouvelles zones, de nouveaux arcs et un paquet de monstres en plus, sans parler des 60 i/s sur PC, Xbox One X et PS5. À tester si l’univers vous intrigue et que vous n’êtes pas allergique aux jeux difficiles, ça a quand même l’air assez spécial. 60 € sur Steam.

Monstres et Cie

J-RPG toujours avec Monster Hunter Stories 1 et 2, un duo de jeux moyens sortis à la base sur 3DS visant les plus jeunes. La formule est assez classique (un héros quitte son village pour partir vaincre une grande menace bla bla bla) avec un gameplay correct d’après les tests de l’époque. Contrairement à ce que le nom laisse à penser, il va ici falloir élever des monstres que l’on pourra chevaucher pour explorer la gigantesque map avant de se tataner au tour par tour. Le portage bénéficie de graphismes revus, d’un doublage anglais/japonais et d’un nouveau mode bonus. Malgré tout, pas de quoi se taper le cul par terre : ça a l’air d’avoir vieilli et on réservera ça aux fans de la licence ou à ceux qui cherchent un RPG pas prise de tête. C’est quand même vendu 30 balles unité, ce qui fait cher pour du réchauffé à l’heure où l’offre en bon RPG est pléthorique. Dispo sur PS4, Switch et PC.

Le chasseur-cueilleur-collectionneur dans son habitat naturel.

La foire à la saucisse de Steam

On notera bien l’arrivée des Kingdom Hearts sur Steam mais mis à part ça on ne va pas se mentir : on s’est un peu emmerdé cette semaine. Ce qui est une bonne occasion pour vous recommander deux trois démo à tester à l’occasion du Steam Néo Fest qui a lieu jusqu’au 17 juin à 19h. Vous pouvez par exemple essayer Metal Slug Tactics, sur lequel Mickael est déjà revenu dans un article dédié et qui a franchement l’air assez sexy. De mon côté j’en ai profité pour faire la démo de The Crush House, un simulateur de Loft Story assez sympathique (on en parlait ici) et dont la première heure m’a plutôt convaincu. C’est rigolo, le gameplay est pas mal et le concept original : ça vaut bien une demi-heure de votre temps. Même chose pour Thank Goodness You’re Here!, qui devrait vous parler si vous aimez l’humour anglais et Untitled Goose Game.

Mis à part ça, la démo qui a attiré le plus de joueurs est celle de Once Human, un jeu de survie multijoueur en monde ouvert dans un univers post-apo qui sortira le 9 juillet. Ça a pas l’air bien original mais si vous avez quelques amis sous la main c’est sans doute rigolo. Toujours post-apo mais moins déprimant, la démo de Caravan Sandwitch vaut visiblement le coup d’œil si vous cherchez à explorer un monde abandonné mais tout de même rayonnant au volant d’un gros van jaune. Je suis curieux de voir ce que donnera Hollywood Animal, un tycoon proposant de prendre la tête d’un studio de cinéma qui a l’air assez complet. Ah, et SCHiM (dont on discutait ici) peut désormais être essayé sur Mac et PC.

Difficile de citer tout ce qu’il y a d’intéressant alors terminons sur quelques démos en vrac qui méritent le coup d’œil : celle du jeu de baston-snowboard-dans-les-Alpes Dungeons of Hinterberg, du bizarro jeu d’horreur Sorry We’re Closed, du Sekirocyberpunk Disco Samurai ou du Rust avec des canards Duckside.

Mais aussi

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Jamie Larson
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