Collection Metal Gear bâclée, coup de gueule des traducteurs

L'actu de la semaine du 29 octobre

‌« L'information comme moteur, le rire comme carburant » : telle est depuis toujours la devise de Turbo 9, votre infolettre hebdomadaire s'étant donné pour mission de vous résumer l'actualité de la semaine dans le petit monde du jeu vidéo. Ces derniers jours ont été rythmés par l’arrivée sur PC d'une collection Metal Gear bâclée, mais aussi par la sortie d’une étude montrant ce qui se cache dans la partie free-to-play de Steam.

La pétillante actu de la semaine

Metal Gear Flaccide

Konami fait ses fonds de tiroirs et a sorti cette semaine la METAL GEAR SOLID: MASTER COLLECTION. Cette compilation comporte les deux Metal Gear originaux sortis sur MSX à la fin des années 80, mais surtout les 3 premiers opus de la saga en 3D Metal Gear Solid. Une bonne initiative étant donné que MGS 3 n'était jusqu'à présent jamais sorti sur PC, et une idée séduisante pour les gens (comme moi) étant complètement passés à côté de la série.

Malheureusement, Konami a fait le minimum syndical : le premier opus est une simple version émulée du jeu PS1 original, sans option pour changer le ratio de l'image ou la résolution. PCGamer affirme que cela tourne très mal sur un PC de compète avec une RTX 4080. De leur côté, les versions Steam de MGS 2 et 3 sont des portages de remaster sortis sur PS360 en 2011. Ils se tapent tout un tas de soucis techniques et sont bloqués en 720p, avec en prime une mauvaise prise en charge du combo clavier/souris.

Il n'aura fallu que quelques heures pour qu'un moddeur ne sorte un mod activant la 4K, ce qui montre bien que les gens de chez Konami ne se sont pas foulés : une flemmardise honteuse pour un pack de vieilleries tout de même vendu 60 balles. Les fans de la saga auront sans doute mieux fait d'attendre le remake de MGS3 sur l'Unreal Engine 5, dont une nouvelle bande-annonce a été diffusée dans la semaine.

Le Portrait de Dorian Pay

Il vous arrive peut être au détour d'une recherche Steam de tomber sur un obscur free-to-play qui a de quoi interroger. Je pense par exemple aux repompes de Fortnite (Farlight 84), aux MMORPG génériques à crever (‌Tower of Fantasy, TRAHA Global) ou encore à cet audacieux mélange de Stalker et de Minecraft habilement nommé STALCRAFT. « Vraiment ? Il y a des gens qui jouent à ça ? », vous demandez-vous avant de retourner finaliser l'achat de votre dernière trouvaille. Eh bien figurez-vous que oui. L'infolettre GameDiscoverCo s'est intéressée à tout ce petit écosystème et a recensé le top 30 des jeux free-to-play lancés sur Steam au cours des 12 derniers mois, dont vous pouvez voir ici une partie du podium :

Vous ne connaissez quasiment rien ? Rassurez-vous : moi non plus. Si on retrouve quelques grands noms comme Overwatch ou Magic, les auteurs expliquent que les jeux générant le plus de cash sont des portages de F2P venant du mobile ou des consoles. La plupart ont un pourcentage de joueurs asiatiques « supérieur à la moyenne » et un nombre important de critiques se plaignant de mécaniques « pay to win » ou de « gacha ». Du bon free-to-play agressif, en somme.

GameDiscoverCo note que le nombre d'utilisateurs connectés à ce type de jeu a tendance à diminuer graduellement au fil du temps. Les adaptations de F2P mobile tirent leur épingle du jeu étant donné qu'un portage PC offre une plateforme de plus aux convaincus : cela permet aux chiffres de rester stables sur le long terme.

Il semble en revanche plus difficile de passer son free-to-play console vers le PC, certains titres effectuant un démarrage en trombe avant de finir avec des serveurs vides. C'est le cas de Warlander, qui a attiré plus de 23 000 curieux à son lancement mais qui peine aujourd'hui à dépasser les 200 joueurs simultanés. Si la tâche est difficile, ce n'est pas impossible avec des exceptions qui affichent de bons scores sur toutes les plateformes (comme My Hero : Ultra Rumble). Morale de l'histoire : si vous tombez sur un free-to-play populaire sur Steam dont le nom ne vous dit rien, il y a de fortes chances pour que ce soit la déclinaison PC d'un jeu iOS/Android.

Nuon, c'est nuon

Certaines personnes ont des hobbies bizarre : personnellement, j'adore regarder des vidéos de machine à laver sur des trampolines. C'est un passe-temps comme un autre, ça me déstresse, on ne juge pas. D'autres aiment chercher d'obscurs jeux disparus pour des consoles de niche qui n'ont été commercialisées que quelques années avant de disparaître. C'est ainsi qu'a été récemment été retrouvé Crayon Shin-Chan 3, un jeu tiré du manga éponyme pour la Nuon que l'on pensait perdu à tout jamais.

La Nuon est un lecteur DVD doublé d'une console de jeu sortie au début des années 2000. Elle avait l'avantage d'embarquer une puce 3D pour lancer des jeux, une idée pas bête étant donné qu'elle permettait de glisser une console dans de nombreux foyers. Malheureusement, le concept a fait un flop et seuls 8 jeux sont sortis sur cette plateforme, dont Crayon Shin-Chan 3. Ce titre était considéré comme perdu vu que personne n'en avait de copie, qu'il était exclusif au marché sud-coréen et livré en bundle avec un unique modèle de Nuon écoulé en très petite quantité.

Eh bien figurez-vous que le jeu a été retrouvé : le fichier a été mis en ligne sur archive.org, et des petits malins ont au passage fait sauter le verrou logiciel l'empêchant de se lancer sur des Nuon non-coréennes. Vous pouvez même l'émuler si le cœur vous en dit (et que vous n'avez vraiment que ça à faire de votre dimanche), bien que le jeu reste un beat them all assez basique.

Spidey tisse sur les traducteurs

Insomniac Games ne s'est pas cassé la nénette pour remercier les (nombreux) traducteurs de Marvel's Spider-Man 2. Comme le souligne Marc Eybert-Guillon sur X, les noms des différents traducteurs ne sont pas énumérés dans les crédits, le jeu se contentant d'un « remerciement spécial » bien général. Ce n'est pas la première fois que ces petites mains du jeu vidéo sont oubliées : la boîte de localisation Altagram a été contrainte de s'excuser après avoir omis de mentionner plusieurs traducteurs ayant bossé sur Baldur's Gate 3. Il y a également eu des soucis sur les génériques de fin d'autres triple A récents, comme Star Wars Jedi: Survivor ou God of War: Ragnarok.

Forcément, les gens qui ont parfois passé des années sur un projet tirent la tronche : ce n'est certes pas sympa, mais ça peut aussi plomber leur vie professionnelle. GameDevelopper a papoté avec quelques traducteurs pour en savoir plus sur ce genre de pratique. Les personnes interrogées estiment que ce phénomène viendrait d'un manque de conscience des éditeurs, pas forcément au courant du fonctionnement de la localisation et des enjeux pour les personnes impliquées. Ce type « d'oubli » est quasiment la norme d'après eux, ce qui est regrettable étant donné qu'une mention aide à asseoir sa légitimité dans le milieu. La promesse de voir son nom au générique est parfois utilisée comme moyen de pression pour motiver les employés à rester.

Ce manque de reconnaissance est un vrai problème, car les traducteurs peuvent se retrouver avec d'énormes trous inexpliqués dans leur CV. Certains accords de confidentialité interdisent de mentionner un contrat, même après la sortie d'un jeu. La traduction implique souvent de travailler en indépendant ou de passer par des agences intermédiaire, ce qui complique les négociations en cas d'oubli. Les traducteurs interrogés rêvent que les développeurs intègrent un système de générique facile à modifier et plus précis. Si plusieurs solutions sont à l'étude, le chemin semble encore long.

Le trailer de la semaine :

Les développeurs de chez Marevo Collective viennent de balancer un premier trailer pour Zero Losses, leur futur FPS-horrifique à l’esthétique inspirée des grandes heures de la PS1. Un mélange étonnant pour un jeu qui a l'air tout aussi bizarre : le joueur est un soldat dans un conflit inspiré de la guerre en Ukraine. Il n'est pas au front, mais fait partie d'un bataillon arrivant après la bataille pour transporter des munitions, des corps ou du carburant. Ce sera l'occasion de traverser des décors désolés dans une expérience horrifique contemplative, l'équipe expliquant vouloir « présenter les conséquences de la violence » plutôt que d'inciter à y participer. Ça a l'air pesant et le style graphique est top : un jeu parfait pour un dimanche pluvieux. Pas de date sortie pour le moment, malheureusement.

C'est tout chaud ça vient de sortir :

  • Cities: Skylines 2 est sorti cette semaine, et sans surprise, les performances sont bien nazes. Vous pouvez faire une croix sur la 4K 60 FPS, même avec votre grosse RTX 3090 de bourgeois. Les développeurs ont sorti les rames et affirment sans sourciller viser les 30 FPS étant donné « qu'il n'y a pas d'avantages réels à chercher plus d'images par secondes sur un city-builder ». Mis à part ça, les premiers retours sont bons, mais pas non plus incroyablement enthousiastes : vous ne perdrez rien à attendre un mois ou deux histoire de voir comment ça évolue. 50 balles sur Steam.
  • Cette semaine a été marquée par la sortie d'Alan Wake 2, dernier gros jeu de Remedy dont les premiers retours sont tous très positifs. On y poursuit les aventures de l'écrivain maudit, que l'on incarnera en parallèle d'une agente du FBI parachutée à Bright Falls pour enquêter sur une série de disparitions. Le jeu est vendu pour 50 € sur PC (uniquement sur l'Epic Game Store, grrr), 60 € sur PS5 et Xbox Series X/S. Notons que cet Alan Wake 2 demande lui aussi une configuration plutôt musclée étant donné qu'il faut au minimum une RTX 2060 pour du 1080p/30FPS.
  • Le shooter bourrin The Finals est désormais disponible en bêta publique sur Steam, sur Xbox et sur PS5. Ce FPS compétitif a été réalisé par des anciens de DICE (Battlefield) et met l'accent sur ses décors destructibles. Les maps ont l'air un peu plus originales que d'habitude étant donné qu'on peut explorer le centre-ville de Séoul ou le vieux Monaco. Le lancement est un carton, et le jeu est déjà l'un des plus joués sur Steam : ça vaut le coup d'essayer ça si vous commencez à en avoir ras la casquette de Warzone. Notons que cette bêta ouverte sera proposée jusqu'au 5 novembre, donc ne trainez pas trop non plus.
  • Le jeu de survie avec des dinos Ark vient d'avoir droit à un remaster carburant à l'Unreal Engine 5. « Attends, mais Ark ça date pas de 2015 ? » êtes-vous sans doute en train de vous demander, les poings sur les hanches derrière votre écran. Eh bien oui, mais les développeurs s'en tapent et vont fermer les serveurs du jeu original afin de vendre une mise à jour graphique facturée 45 balles. Et comme l'Histoire est un perpétuel recommencement, le jeu est une fois de plus optimisé avec le cul et blindé de bugs. 45 € sur Steam, mais est-ce vraiment le genre de pratique que vous avez envie d'encourager ?

En vrac :

  • Sur les 5 personnes qui ont créé le tout premier Mario en 1985, 4 bossent toujours chez Nintendo et ont planché sur le récent Super Mario Bros. Wonder. Le cinquième larron travaille probablement toujours pour le studio et est cité au générique dans la rubrique des remerciements. Autrement dit, les gens qui ont créé Mario bossent sur Mario depuis presque 40 ans sans changer de crémerie, ce qui est impressionnant dans une industrie aussi volatile que celle du jeu vidéo.

  • Qui a dit que le jeu vidéo ne savait plus surprendre ? Il y aura prochainement un crossover entre le très sérieux Final Fantasy XIV et le tout mignon Fall Guys. Ce mélange aussi saugrenu qu'idiot va passer par un mini-jeu invitant les joueurs du MMO japonais à faire les courses sur des parcours pastel. Il sera visiblement possible de se mettre des bâtons dans les roues à l'aide de sorts, par exemple en glissant des plaques de glace ou de feu sur le parcours. Les joueurs récupéreront des t-shirts et des leggings au logo Fall Guys, ce qui ne manquera pas de panache entre deux armures de feu et autres robes d'incantateur lors des prochains gros raids. Le mini-jeu sera disponible sur FF XIV pour une durée limitée à partir du 31 octobre.

  • Les dix personnes qui n'ont pas encore fait le tour du catalogue de jeux VR seront ravies d'apprendre que Valve a déployé SteamVR 2.0. Cette grosse mise à jour apporte notamment une toute nouvelle interface utilisateur et plusieurs fonctionnalités : on y trouve entre autres un nouveau clavier, un tchat revu ainsi qu'un accès plus rapide vers les notifications. On aurait préféré une annonce de Half-Life : Alyx 2 ou un nouveau casque, mais il faudra s'en contenter.

  • Comment ? Vous jouez encore au solitaire ou à Cookie Clicker en faisant semblant de bosser jusqu'à 17 h ? Il est peut être temps de vous mettre à la page en jetant un coup d'œil à Suika Game, un clone fruité de 2048 téléchargé plus de 2 millions de fois au Japon. Le but est d'empiler des fruits pour créer de plus gros fruits et faire péter les high score : dit comme ça ça pisse pas bien loin, mais c'est incroyablement addictif. La version officielle pour Switch sortie il y a peu vient d'être traduite en anglais (3 €), et il est aussi possible d'y jouer gratuitement via navigateur.

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Jamie Larson
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