La Nintendo 64 revient, des joueurs se ruinent sur FIFA

L'actu de la semaine du 22 octobre

Rétrospective historique, interviews des plus grands, enquêtes faisant trembler l'industrie : autant d'éléments que vous ne trouverez pas dans Turbo 9, votre infolettre hebdomadaire se contentant de résumer ce qui s'est passé cette semaine dans le petit monde du jeu vidéo. Entre l'annonce d'une Nintendo 64 4K et la sortie catastrophique d'un nouveau jeu King Kong, rien n'a échappé à notre œil vigilant.

La pétillante actu de la semaine

Fifa, gacha, même combat

Rock Paper Shotgun s'est intéressé à l'histoire des pauvres joueurs tombés accros au mode Ultimate Team des derniers FIFA. Un peu comme avec les paquets de cartes Panini, celui-ci incite à acheter des pochettes surprises virtuelles dans le but de se monter une équipe cinq étoiles. Si on tombe parfois sur Lionel Messi, on a beaucoup plus de chance de récupérer un obscur joueur anonyme que l'on a déjà 15 fois et avec lequel on ne jouera jamais. Ces packs aléatoires peuvent vite coûter cher étant donné que FC 24 en proposait un à 30 $ pour 45 joueurs, et cela avant même la sortie officielle du jeu.

Ce type de mécanique inspirée des gachas Asiatiques n'est pas sans rappeler celle des jeux d'argent, où l'on paye pour avoir une chance de gagner le gros lot. Évidemment, de nombreux joueurs deviennent accros : RPS prend l'exemple d'un père de famille ayant dépensé environs 2 300 € sur les 9 derniers mois pour acheter des paquets de cartes. Celui-ci se force à jouer sur son temps libre étant donné que disputer 30 matchs par week-end permet de maximiser ses chances à l'ouverture d'un pack. Un autre explique mener une double vie en cachant ses multiples dépenses à sa famille. Un dernier confie y dépenser plus d'une vingtaine d'euros chaque semaine et se sentir déprimé une fois la console éteinte.

« Il existe des correspondances évidentes entre les lootboxes [les packs de joueurs] et l'addiction au jeux d'argent », explique un docteur spécialiste du sujet. Ce type de mécanique est malheureusement devenue monnaie courante au fil des ans, et on trouve également des lootboxes dans Counter-Strike 2 ou Overwatch. Si la Belgique a déjà banni ce type de pratique, la question n'a jamais vraiment avancé en France. Les éditeurs de jeux plaident pour une autorégulation, ce qui s'est traduit par une vague mention « Achats intégrés : inclut des contenus aléatoires » sur les boîtes. Malgré la gronde, les éditeurs n'ont aucune raison de lever le pied : en 2020, les joueurs du monde entier ont dépensé plus de 15 milliards de dollars dans ce type de lootboxes.

Nouvelle console, grosses cartouches

Le spécialiste des machines rétro Analogue vient de présenter un bien étonnant projet : une console permettant de jouer à ses vieux jeux Nintendo 64 en 4K. L'accessoire fonctionne avec les cartouches d'origine, et dispose même de 4 ports pour les masochistes voulant ressortir leurs vieilles manettes à trois branches.

Un premier aperçu de la console.

Contrairement à ce qu'on a trop souvent l'habitude de voir, il ne s'agit pas d'un simple boîtier faisant tourner un émulateur open source déguisé auquel on a greffé quelques ROMs. Analogue explique se baser sur un circuit intégré programmable (FPGA), ce qui lui permet d'émuler la console de Nintendo au niveau hardware. Autrement dit, les jeux démarrent comme à l'époque, sans problèmes de performances ni bugs graphiques.

La bécane tourne sous un OS maison et est livrée avec une manette moderne créée en partenariat avec le spécialiste 8BitDo. On pourra la connecter en Bluetooth et appliquer des filtres pour retrouver les effets des vieux moniteurs CRT (et éviter que tout ne fasse trop net sur votre gigantesque TV OLED de bourgeois). Le prix n'a pas été communiqué, mais on peut imaginer que ça coûtera au moins 200 $, Analogue n'ayant pas l'habitude de faire dans la dentelle (sans parler des frais de livraison ni de la douane). Sortie courant 2024.

Shitty Skylines 2

Accouchement dans la douleur pour Paradox, dont le très attendu Cities: Skylines 2 devait initialement débarquer sur toutes les plateformes le 24 octobre prochain. L'éditeur a annoncé le report de la version console à peine 1 mois avant sa sortie, ce qui avait déjà de quoi inquiéter. Il en a profité pour faire grimper la configuration minimale sur PC en recommandant désormais une RTX 3080 : de quoi laisser deviner de gros problèmes d'optimisation.

Le souci a été confirmé par l'équipe dans un post sur ses forums, où elle explique ne pas avoir atteint le niveau de référence initialement visé côté performances. Le jeu sera quand même lancé histoire de tenir le calendrier, avec l’ambition de proposer des optimisations par la suite. Factor News a suivi l'affaire de près et a déniché une vidéo montrant que le jeu tourne actuellement entre 40 et 60 FPS avec une RTX 4090… en 1440p.

L'autre gros problème vient de la gestion des mods, Paradox abandonnant le Steam Workshop pour passer sur un système maison. L'idée est de proposer une seule plateforme pour consoles et PC, sauf que tout n'est pas si simple : les consoleux n'auront pas tous les mods à cause de certaines limitations, et les PCistes n'ont aucune idée de ce à quoi s'attendre avec cette nouvelle échoppe potentiellement plus restrictive. De toute façon, ce navigateur de mod n'est pas encore prêt et ne sera pas disponible dès la sortie. Bref, le lancement promet d'être un joyeux bordel, et on attend désormais le 24 octobre pour avoir le fin mot de l'histoire.

Le roi des Kongs

On a bien rigolé cette semaine avec la sortie du bien naze Skull Island: Rise of Kong. Le jeu affiche de graphismes désastreux, avec des animations tellement mauvaises que certaines cinématiques sont rapidement devenues virales sur Twitter. L'une d'entre elles montre notamment une image (littéralement un .jpeg) à la place d'une animation incomplète, là où une autre rappelle les grandes heures de la PS2.

The Verge s'est penché sur la production du jeu en se demandant comment il était possible de sortir un truc pareil en 2023. Sans surprise, le jeu a été développé à partir de 0 en seulement un an par une vingtaine de personnes du studio IguanaBee. L'éditeur GameMill a visiblement l'habitude d'embaucher des petites boîtes pour leur faire pondre à la hâte des jeux tirés de licences connues. Un développeur explique que l’équipe n'avait « pas toutes les informations » sur le projet, l’obligeant à improviser avec ce qu'elle avait sous la main.

Les conditions de développement étaient donc catastrophiques, avec en plus une grosse période de crunch ayant commencé 4 mois avant la date de rendu. Si le jeu est franchement médiocre, certains développeurs d'IguanaBee restent fiers de leur création et du résultat obtenu en si peu de temps. L'argent engendré pourra servir au studio à créer ses propres jeux originaux, comme le sympathique What Lies in the Multiverse, qui a gagné plusieurs prix. Morale de l'histoire : un jeu pourri peut en cacher un bon.

Le trailer de la semaine

Don’t Scream est un petit jeu d'horreur vous invitant à vous promener dans une inquiétante forêt au milieu de la nuit. La particularité du jeu est qu'il a accès à votre micro : au moindre cri, sursaut ou couinement, vous recommencer. Alors oui ça pue les jumpscares et le jeu pour streamer, mais le titre se démarque surtout par son utilisation de l'Unreal Engine 5 avec des graphismes réalistes mêlés à un style VHS / Projet Blair Witch qui a l'air réussi. Ça ne devrait pas coûter grand-chose vu que l'objectif est de tenir 18 minutes sans crier, et ça sortira le 27 octobre prochain. Si vous aimez bien vous faire peur (ou que vous êtes juste curieux de voir ce que l'Unreal Engine 5 a dans le ventre pour les jeux de flippe), pourquoi pas.

C'est tout chaud, ça vient de sortir

  • On a eu pas mal de grosses sorties cette semaine, avec notamment l'inévitable Super Mario Bros. Wonder qui apporte enfin un peu de renouveau au genre du Mario 2D. Le jeu est mignon à crever et met en place tout un tas d'éléments complètement loufoques (un Mario-éléphant, des niveaux sous LSD, des tuyaux qui bougent n'importe comment…). Pour avoir passé deux jours dessus, je peux vous dire que c'est un bon 9/10 avec un gros « Turbo 9 Seal of approval » sur la jaquette. Comptez 60 € sur Switch.
  • Ceux qui étaient plutôt #TeamSega pourront se tourner vers Sonic Superstars, un Sonic 2D pur jus cherchant à coller au plus près des épisodes classiques. Les retours parlent d'un jeu « sympa sans plus » parfois assez difficile, ce qui devrait suffire aux fans du hérisson bleu qui se sont tapés un paquet de jeux bien moyens ces dernières années. C'est dispo sur PC et consoles pour 60 balles, et on notera qu'il faut un compte Epic Games Store pour pouvoir jouer sur Steam.
  • Le 20 octobre est également sorti Marvel's Spider-Man 2, une exclusivité PS5 qui vient continuer l'histoire du duo Miles Morales/Peter Parker. Insomniac Games ne change pas une formule qui gagne et invite à se bastonner avec Venom ou le Dr. Octopus dans un New York ayant gagné plusieurs nouveaux quartiers. Ça a l'air très joli, très film d'action-blockbuster : une fois de temps en temps, ça ne fait pas de mal. Il va tout de même falloir casser votre tirelire, le jeu étant facturé 80 € (et même 250 € pour la version Collector).
  • World of Horror est enfin sorti de bêta. Pour rappel, ce roguelite d'horreur (si, si) mêle les univers de Junji Itō et de HP Lovecraft dans un style 1-bit fleurant bon les vieux jeux MS-DOS. Les différentes histoires se passent dans un vieux village japonais dans lequel les habitants tombent doucement dans la folie, tandis que des phénomènes inexpliqués se produisent. Hôpitaux, salles de classe abandonnées, forêts inquiétantes, mal ancien qui se réveille… tous les clichés y sont. Pour y avoir joué plusieurs heures lors de la sortie en early access, j'avais trouvé la formule assez efficace : l'ambiance graphique est top et les différents embranchements scénaristiques sont prenants. 19,50 € sur GOG ou sur Steam, aussi dispo sur Switch et PlayStation.

En vrac

  • Aussi étonnant que cela puisse paraître, le dernier Niantic n'est pas complètement un bide. Monster Hunter Now a été téléchargé plus de 10 millions de fois, ce qui est franchement pas mal quand on sait qu'il est sorti il y a environ un mois. On arrivera sans doute jamais au niveau de Pokémon Go qui a depuis longtemps fait péter le milliard, mais c'est encourageant pour le studio. En comparaison, leur dernier Tamagochi-like Peridot n'a été installé que 675 000 fois lors de sa semaine de lancement.
  • Vous pensez être plus malin qu'Elon Musk et Mark Zuckerberg ? Eh bien vous allez pouvoir le vérifier dans Trust and Safety, un jeu en navigateur vous invitant à prendre la tête de l'équipe de modération d'une sorte de simili-Twitter. L'idée est de mettre le joueur face aux multiples compromis nécessaires à la sécurité d'une plateforme en ligne : faut-il exiger le vrai nom des utilisateurs ? Accepter les bots ? Céder aux exigences des différents gouvernements ? Il faudra s’organiser tout en jonglant avec l'augmentation des revenus publicitaires et des demandes de votre boss. C'est gratuit et bien pensé, mais malheureusement uniquement disponible en anglais.
  • Contrairement à ce que l'on pourrait croire, Habbo Hotel n'est pas mort. Bon, il ne pète pas le feu non plus par rapport à ses heures de gloire de la fin des années 2000, mais les serveurs n'ont pas été débranchés. Les développeurs ont fortement misé sur les NFT pour se relancer en 2021, adoptant à toute vitesse les buzzwords de vos copains blockchain-analyst sur LinkedIn (Web3, cryptomonnaies, métavers, enfin vous voyez le genre). Eh bien tout ça, c'est terminé : la boîte explique dans un communiqué qu'elle va doucement tourner la page à l’égard de ce vocabulaire. Les fonctionnalités liées à la blockchain resteront en place sous le capot, mais avec de nouveaux noms moins effrayants pour le pékin moyen qui associe les NFT à une arnaque et les cryptos à la chute de FTX.
  • Minecraft se porte bien, merci pour lui. Mojang a révélé en avoir écoulé 300 millions de copies, ce qui en fait le jeu le plus vendu au monde. En comparaison, Thriller de Mickael Jackson s'est vendu à 70 millions d'exemplaires, le premier bouquin Harry Potter à 120 millions, et GTA V à 185 millions. Les mauvaises langues ne pourront même pas dire que le jeu est sur le déclin étant donné que 62 millions de copies ont été vendues au cours des deux dernières années et demie. Vous m'en voyez sur le cube.

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Jamie Larson
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