Fin des manettes non officielles sur Xbox, les mods inquiètent Capcom

Information, bons mots et rigolade : tels sont les trois piliers de Turbo 9, votre infolettre résumant chaque dimanche à 8 h l'actualité de la semaine dans le monde du jeu vidéo. Et entre la fin des manettes non officielles sur Xbox et le fiasco de la nouvelle série Silent Hill, on ne peut pas dire qu'on s'est ennuyé.

La pétillante actu de la semaine

Capcom perd le mod d'emploi

Capcom ne veut plus que les joueurs bidouillent ses jeux pour foutre tout le monde à poil. C'est tout du moins le message qui ressort d'une présentation interne de l'entreprise mettant en avant ses efforts pour lutter contre la triche et le piratage. Si elle reconnait les bénéfices d'avoir une solide communauté de moddeurs, elle s'y alerte de l'existence de projets « portant atteinte à l'ordre public et aux bonnes mœurs », pouvant potentiellement « nuire à sa réputation ».

Les mods ont pris une importance majeure sur les dernières sorties de Capcom, et notamment avec la série des Resident Evil. Toute une pelletée de projets débiles ont vu le jour, mais aussi un paquet de bidouilles pour déshabiller les personnages sur lesquelles Capcom fermait jusqu'à présent les yeux. La pratique a fait du bruit dans le courant de l'été à l'occasion d'un tournoi de Street Fighter 6. Un participant a oublié de virer son mod désapant Chun Li alors que l'évènement était en direct, ce qui a donné lieu à un gros malaise plutôt rigolo. Malgré tout, l'argument est assez bateau : qui va croire, en 2023, que Capcom a donné un skin de bodybuilder au Nemesis de RE3 et avoir une mauvaise vision de la boîte ?

La raison de ce coup de gueule est peut-être ailleurs. L'entreprise explique considérer tous les mods comme des outils de triche potentiels étant donné qu'elle ne peut pas faire la différence entre un simple skin et un wallhack. Si ça n'a pas l'air bien grave pour des jeux solo, rappelons que Capcom a déployé il y a peu de microtransactions permettant de payer pour débloquer des armes sur Resident Evil 4 Remake. La boîte prépare peut-être le terrain à une politique plus ferme visant les logiciels de triche lui faisant concurrence, qui pourrait au passage se répercuter sur les moddeurs. Reste à voir si cet avertissement se traduira par de réelles mesures contre les bidouilleurs, ou s'il s'agissait de simples observations un peu naïves de gens n'ayant jamais joué à un jeu Bethesda.

Certaines choses ne veulent pas mourir

On n'en attendait rien, mais on est quand même déçu. Le lancement de la série interactive Silent Hill: Ascension, dans laquelle le public peut voter pour influencer l'histoire, est un sacré fiasco. Son modèle économique a de quoi interroger étant donné que chaque joueur peut gagner des « points d'influence » afin que son vote prenne plus d'importance. Ces points peuvent être obtenus en résolvant des puzzles (un match-3 Silent Hill, youhou) ou en sortant la carte bleue pour des achats intégrés montant jusqu'à 20 $. Magie de la technologie, il est même possible de raquer pour l'équivalent d'un battle-pass débloquant des émotes avec des memes résumant plutôt bien l'esprit de la série.

Une boutique d'objets est également présente, par exemple pour acheter des skins et même des écrans de chargement personnalisés (oui, oui). Vous allez me dire qu'il faut bien manger, et ce modèle économique agressif pourrait être excusable si l'expérience de jeu était correcte. Ce n'est pas le cas : Kotaku explique que le site est tout buggé et que le tchat tournant H24 n'était pas modéré au lancement. Des petits malins se sont empressés de spammer « Hideo Kojima cummy in my tummy » (il a fait P.T) avant de réussir à épingler le message sans être embêtés. La modération étant aux fraises, le tchat textuel a finalement été remplacé par de simples emojis à partir du deuxième soir.

On ne jugera pas du scénario qui n'a pas encore eu le temps de déployer ses ailes, mais la suite de la diffusion va sans doute être compliquée au vu des premières réactions des fans. La série doit être diffusée quotidiennement pendant plusieurs mois si Konami n'arrête pas les frais en cours de route. Ce fiasco est dommage tant le concept de base aurait pu être intéressant entre de bonnes mains. On espère que le futur remake de Silent Hill 2 prévu pour l'année prochaine sortira sans battle pass, sans quoi on se rapprocherait de cette terrifiante vidéo-concept dont je ne me lasserais jamais.

Microsoft débranche les manettes non officielles

Microsoft veut la peau de votre vieille manette « BigBin » achetée 8 € sur un stand louche du marché. L'entreprise s'est lancée dans une chasse aux accessoires non officiels : les Xbox affichent depuis peu un avertissement lorsqu'on y branche une manette d'un vendeur tiers. La mauvaise nouvelle a été confirmée par Microsoft elle-même dans une note de support, précisant que les accessoires non certifiés seront purement et simplement bloqués deux semaines après l'apparition d'un pop-up. Les produits tiers adoubés par Microsoft ne sont évidemment pas concernés.

La firme de Redmond ne cherche pas à faire un coup de pub à ses manettes officielles, mais plutôt à compliquer la vie des tricheurs. Certains boîtiers (XIM, Cronus Zen) peuvent en effet être branchés sur ses consoles afin d'utiliser un combo clavier/souris, permettant d'obtenir un sacré avantage sur le terrain doublé d'une aide à la visée. Ce type de triche n'est pas forcément facile à détecter, et les développeurs de jeux comme Call of Duty, Destiny 2, ou Rainbow Six Siege cherchent depuis des années une solution au problème.

La méthode de Microsoft est radicale, même s'il n'est pas dit que l'entreprise arrivera à détecter chaque type de boîtiers. Ce changement cause également quelques dommages collatéraux, par exemple pour les joueurs s'étant contenté d'acheter une manette à pas cher ou encore pour les fans de jeux de combats utilisant un ancien stick arcade à l'aide d'un adaptateur. La mesure pourrait aussi mettre sur une voie de garage certaines manettes accessibles pensées pour les personnes handicapées, Microsoft assurant que « la plupart » resteraient compatibles.

J'ai mal à mon backlog

Non, ce n'est pas juste une impression : 2023 a été une cuvée exceptionnelle pour le jeu vidéo. Axios a mis les doigts dans les chiffres et révèle que 25 jeux ont déjà obtenu un score Metacritic de plus de 90/100, ce qui est vraiment impressionnant quand on compare ce score aux années précédentes :

Cette année a vu arriver de nombreuses grosses suites ayant passé plusieurs années en développement, comme Zeldeux, Baldur's Gate III, Spidey 2… Ces bons résultats s'expliquent aussi par le grand nombre de remake sortis récemment, comme celui de Resident Evil 4 qui affiche un score de 93/100 (le jeu original avait 96/100 donc il était difficile de se planter). Notons que de nombreux titres titillent les 90/100, avec par exemple le remake de Dead Space, Hi-Fi Rush ou encore Pizza Tower.

Plusieurs raisons justifient cette profusion de super jeux. Beaucoup auraient dû arriver plus tôt, mais ont vu leur sortie reculée à cause du COVID-19 : ils ont donc passé plus de temps en cuisine et ont pu être peaufinés. La PS5, la Switch et les Xbox Series X|S sont désormais bien implantés, ce qui fait que les développeurs ont largement eu le temps de prendre leurs aises avec le matériel.

Cet embouteillage côté sortie apporte aussi quelques problèmes. Ça semble évidemment, mais c'est un bordel de tout essayer (j'ai une note « jeux à tester » que je n'ose plus ouvrir). Ces projets ayant passé des années en développement sont très longs : le joueur lambda ne peut donc pas tout acheter, et encore moins s'intéresser à des petites pépites indés qui finissent noyées dans la masse. On notera aussi que cette année a été marquée par d'énormes vagues de licenciements, avec pas moins de 6 500 emplois supprimés d'après Game Industry Layoff. On avait parlé des raisons de ces licenciements début octobre, mais pour faire simple : les grandes boites subissant l'inflation cherchent à réduire leurs frais après avoir embauché à tour de bras pendant le COVID.

Le trailer de la semaine

Vous en avez rêvé, Bandai Namco l'a fait : Vincent Cassel va doubler un perso dans Tekken 8. Baptisé Victor Chevalier, celui-ci est une sorte de gentleman/samurai se battant avec un flingue et un katana (la plus pure tradition française pour nos amis nippons). Le personnage sera livré avec un niveau à Paris qui a l'air assez chouette. Un petit making-of a été mis en ligne si vous avez envie de voir Vincent Cassel lire ses répliques avec la fougue d'un conducteur Flixbus récitant ses consignes de sécurité. Tekken 8 sortira courant janvier 2024.

C'est tout chaud ça vient de sortir

• Jusant, le jeu de grimpette des Français de Don't Nod (à qui l'on doit notamment Life is Strange) est sorti sur PlayStation 5, Xbox et PC. Le jeu vous plonge dans un monde post-apocalyptique apaisé dans lequel il s'agira de grimper une gigantesque montagne tout en découvrant au passage les vestiges du monde d'avant. Les premiers retours évoquent un jeu sympa sans plus, qui devrait faire le taf si vous cherchez un jeu calme et pas prise de tête. Comptez 25 € pour ce titre qui aura le mérite de m'avoir appris qu'un jusant est un reflux de marée. Notons tout de même qu'il y a visiblement quelques merdouilles graphiques sur certaines config, qui valent peut-être d'attendre un patch.
• Le battle-royale rythmique avec des pigeons Headbangers: Rhythm Royale est sorti cette semaine sur Steam et consoles. Le titre prend la forme d'un concours de mini-jeux de rythme qui a l'air assez rigolo, mais qui n'est étonnamment pas jouable en multi dans un canap’. Ça peut valoir le coup d'œil si vous cherchez un petit jeu multi tranquillou après une overdose de Fall Guys, d'autant plus que la patte graphique est marrante et que ça ne coûte que 20 balles.
• Alors ce n'est pas sorti cette semaine, mais c'est quand même sympa : il existe un GeoGuessr sur les maps des différents jeux vidéo. Vous pourrez donc essayer de vous retrouver sur les cartes de Zelda, Red Dead 2, GTA V ou Elden Ring. Il y a même un mode multi pour jouer avec ses amis, et tout cela est gratuit : je ne vois pas meilleure façon d'occuper votre dimanche après-midi.
• Le FPS RoboCop est sorti et c'est… pas si mal ? Les notes sont loin d'être excellentes, mais le studio a visiblement réussi à sauver les meubles, le titre affichant des évaluations « très positives » sur Steam. VideoGamer parle d'un jeu « fait par des fans de RoboCop, pour des fans de RoboCop », et l'ambiance a l'air chouette malgré des combats apparemment un peu lourds. Pas sûr d'y lâcher 50 € aujourd'hui, mais en promo à -50 % dans quelques mois pourquoi pas.

En vrac :

• Mortal Kombat 1 a trouvé comment faire frémir de peur les joueurs pour Halloween : une cutscene de 20 secondes facturée plus de 10 balles. Le jeu s'est récemment enrichi d'une nouvelle « Fatality » permettant d'enfoncer une citrouille sur la tête de son adversaire afin de terminer le combat. Ce qui aurait pu être un petit cadeau rigolo pour les fêtes s'est révélé être une onéreuse microtransaction mettant en rogne la communauté. Rappelons que le jeu n'est pas un vulgaire free-to-play, mais bien un titre vendu 70 € sur Steam, voire même 95 € dans son édition spéciale : Warner Bros. Games n'a honte de rien.
• Call of Duty ne compte pas arrêter de s'étaler sur votre SSD : l'early access du futur Modern Warfare 3 pèse pas moins de 235 gigas sur PS5 et occupe donc un quart du stockage de la console. Si le titre est un peu moins gourmand sur PC, il nécessite désormais l'installation d'un launcher « COD HQ » faisant pas moins de 50 Go à lui tout seul. Un launcher dont l'intérêt est discutable étant donné que Call Of implique déjà de passer par Battle.net. Vivement le triplé quand la série sera ajoutée au Game Pass de Microsoft.
• Remedy peut commencer à penser à l'avenir maintenant qu'Alan Wake 2 est sur les étals. La boîte a donné quelques détails sur ses plans dans son dernier rapport financier, et bonne nouvelle : le remake de Max Payne 1 et 2 serait prêt à entrer en production. Même chose pour Condor, un spin-off multijoueur coopératif de Control. Si une vraie suite est envisagée, ce n'est pas pour demain étant donné que le projet en est encore au stade de la preuve de concept. Sur un autre registre, Remedy a confirmé que le remaster d'Alan Wake était enfin rentable… deux ans après sa sortie.
• Bad buzz pour The Finals, le nouveau shooter bourrin réalisé par des anciens de DICE (Battlefield). Les développeurs ont confirmé dans une interview que certaines voix du jeu avaient été générées par IA. La technologie fait illusion dans le feu de l'action, même si on reconnaît un aspect robotique dès lors que l'on fait un peu attention. Interrogés par PCGamer, l'audio designer du jeu a expliqué vouloir miser sur un mélange de vraies voix et d'IA pour la suite du projet. Pas sûr que ce soit une très bonne idée de faire tourner en boucle des voix génériques dans son FPS au style ultra-générique, mais je ne suis pas audio designer après tout.

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