Controverse sur les Game Awards 2023, des chaînes gaming générées par IA

Conseils lifestyle, potins people, coin pop culture : autant de rubriques que vous ne trouverez pas dans Turbo 9, votre infolettre hebdomadaire se contenant de résumer ce qui s'est passé cette semaine dans le petit monde du jeu vidéo. Et entre l'arrivée d'Amazon Luna en France et l'annonce des nominés aux Game Awards, la semaine a été bien remplie.

La pétillante actu de la semaine

Luna se parque en France

Chic alors, Amazon Luna est désormais disponible en France. Mais si, Amazon Luna, le Game Pass low-cost de la boîte à Jeff qui n'a pas l'air de vraiment savoir dans quelle direction aller. Eh bien j'ai essayé ce nouveau service de cloud gaming un petit quart d'heure (pas plus, faut pas déconner), et c'est… bof-bof. Le catalogue Luna+ à 10 € par mois comporte pas mal de bons jeux comme Resident Evil Remake 2, Control ou Yakuza, mais rien de bien frais. On y trouve aussi un paquet de trucs moyens comme Garfield Kart ou des vieux Metal Slug en 2D collés là pour meubler. Les abonnés Prime ont droit à quelques jeux gratuits chaque mois, Fortnite et Trackmania étant inclus au lancement. Pas de quoi se relever la nuit, donc.

Côté technique, Luna propose du 1080p à 60 FPS, ce qui n'est pas terrible comparé à la concurrence. Les jeux devraient tourner décemment étant donné qu'Amazon s'appuie sur de gros serveurs, mais ne vous attendez pas à du ray tracing à fond les ballons comme chez GeForce Now. De ce que j'ai vu, ça fonctionne plutôt bien et ça a l'avantage de marcher sur à peu près toutes les plateformes imaginables (iPhone, Android, Mac, Fire TV…). Notons qu'il est possible d'utiliser le service pour jouer en streaming à ses jeux achetés sur le store Ubisoft, mais uniquement ceux-là : autant dire que ça ne concerne pas grand monde.

Amazon a dans l'idée de proposer tout un tas de bouquets thématiques, avec par exemple un abonnement spécial Ubisoft, un spécial party-game, un spécial famille, un autre pour les joueurs rétro… Pourquoi pas, mais le catalogue est loin d'être au rendez-vous pour le moment. Le service s'illustre actuellement par quelques bonnes idées (un mode coop à distance gratuit pour l'invité) et par son tarif abordable, mais ça ne va pas beaucoup plus loin. Vous pouvez jeter un œil au catalogue et éventuellement essayer les jeux gratos si vous avez un compte Prime, mais il n'y a pas vraiment de raison d'envisager un abonnement pour l'instant.

Statuette de plomb pour les Game Awards

Les jeux nominés aux prochains Game Awards ont été annoncés cette semaine : l'occasion parfaite de vous rappeler que cette cérémonie ne vaut pas grand-chose et que vous pouvez vous contenter de poliment ignorer le train de la hype. Présentée par le mec à qui l'on doit le Doritos Gate, la soirée est une sorte de SuperBowl du jeu vidéo où sont récompensés différents blockbusters entre deux trailers et une coupure pub. C'est sans conteste le plus gros évènement annuel autour du jeu vidéo : qui d'autre pourrait inviter Al Pacino pour remettre un prix ? La cérémonie n'a jamais particulièrement brillé malgré sa débauche de moyens, et la cuvée 2023 affiche déjà son lot de controverses.

Les nominés pour les différentes catégories ont été publiés le 13 novembre, alors que la date butoir pour cette année était fixée au 17. Autrement dit, les titres sortis dans ce laps de temps sont exclus d'office… sans possibilité de se présenter l'année prochaine. Une bourde qui a bien mis en rogne le créateur du très bien accueilli Pentiment, qui s'est fait avoir l'année dernière avec son jeu sorti un 15 novembre. De plus, les nominations de cette année n'ont pas manqué de faire hausser les sourcils. Dave The Diver est par exemple en liste pour être élu meilleur jeu indépendant de 2023. Alors oui c'est un (très bon) jeu en 2D qui a l'air d'avoir été codé dans un garage, mais il a été développé par Mintrocket, une filiale du géant coréen Nexon.

Si l'année a été marquée par une tétrachiée de chouettes jeux, il ne faut pas oublier les grosses vagues de licenciements ayant secoué l'industrie. Dans ce contexte, certaines nominations interrogent : peut-on décemment donner la statuette du meilleur lien avec la communauté à Destiny 2 alors que Bungie a viré 8 % de son personnel le mois dernier, dont plusieurs community manager ? Pas sûr que ceux-ci aient envie de célébrer quoi que ce soit.

Le bruit des bots

Entre les deepfakes de Samuel Paty et les montages de Winnie l'Ourson en soldat SS, l'IA n'a pas fini de nous faire rêver. Dernière nouveauté en date : des petits malins mettent sur pieds des chaînes YouTube gaming à première vue tout ce qu'il y a de plus normales, avec différentes vidéos de gameplay et un nombre d'abonnés respectable. Si on peut se faire avoir en survolant vite fait, ces chaînes sont en fait remplies de contenus générés par IA. Elles servent à créer une fausse crédibilité aux malandrins, qui vont s'en servir pour aller quémander des clefs Steam aux éditeurs.

C'est l'ancien rédacteur en chef de Canard PC Kahn Lusth qui a mis le phénomène en lumière sur Twitter. Il y prend l'exemple de la vidéo ci-dessus, qui dispose d'une miniature crédible, de commentaires et d'un contenu au premier coup d'œil tout ce qu'il y a de plus legit. Pourtant en tendant l'oreille, on se rend compte que certaines phrases ne veulent rien dire et semblent rédigées par ChatGPT. L'accent du « YouTubeur » est étrangement robotique, et sa voix change parfois carrément lors d'une citation. Les commentaires citent tous le nom du jeu de manière forcée et sont étonnamment vagues sur le contenu. Bref, un gros montage de A à Z.

Le but pour les escrocs est de mettre sur pied des chaînes ayant l'air crédibles pour duper un responsable étourdi dans le feu d'un lancement. Kahn Lusth explique que deux ou trois clefs sont généralement demandées aux studios, sous prétexte de faire un let's play ou une vidéo de présentation. Celles-ci sont ensuite revendues sur le marché gris à un tarif très attractif, mais tout bénef' pour les voleurs. Alors oui ça a l'air d'être beaucoup de boulot pour gruger 3 clefs ici ou là, mais en multipliant les chaînes et les demandes à grands coups de bots, ça doit finir par être un business qui rapporte.

Tout, sauf Half-Life 3

C'est la fête chez Valve, qui célèbre en grande pompe les 25 ans du premier Half-Life. Le jeu a reçu une grosse mise à jour pour l'occasion, qui corrige quelques pétouilles tout en apportant une meilleure prise en charge des écrans modernes bien plus grands que les vieux moniteurs 640x480 de 1998. Le jeu est désormais compatible Steam Deck, ce qui tombe plutôt bien étant donné qu'un modèle OLED vient tout juste d'arriver sur les étals.

Gabe Newell a également fait un tour au grenier pour nous ressortir quelques contenus oubliés qui vont faire plaisir aux fans. On y trouve notamment une « mini-campagne » baptisée Half-Life Uplink (à l'origine uniquement disponible sur les CD de démo des magazines de l'époque) ainsi que plusieurs nouvelles maps pour le mode multijoueur. Valve a aussi dépoussiéré son logo original et remis le menu principal classique de 1998 pour un petit supplément de nostalgie.

Half-Life est rendu gratuit jusqu'au 20 novembre, un petit cadeau sympa pour les 5 joueurs qui ne l'ont pas encore sur leur compte Steam. Cerise sur le gâteau, un documentaire d'une heure a été mis en ligne retraçant la création du jeu, réalisé par les gens derrière la très bonne chaîne de docus sur le JV Noclip.

Les sorties de la semaine

• Super Mario RPG est sorti cette semaine sur Switch. Comme vous l'avez déjà deviné (vous êtes si fort), il s'agit d'un RPG avec Mario, Peach et toute la clique dans lequel on se castagne via un système de combat au tour par tour. Big N ne prend pas trop de risque étant donné que ce titre est un remake d'un jeu Super Nintendo sorti en 1996, acclamé par la critique mais n'ayant connu qu'une sortie confidentielle en France. Sans surprise, ce remake est un excellent jeu qui a l'avantage d'une localisation française et de graphismes tout mignons ramenés aux standards de 2023. On regrettera quand même que ce soit vendu 60 balles : ça fait cher le coup de polish.
• Après Strikers et un spin-off gacha pour mobile dédié au marché chinois, Atlus continue de traire sa vache à lait Persona 5 avec un nouveau hors série baptisé Tactica. Le jeu reprend le casting des Phantom Thieves dans un style quasi chibi et avec un système tactical RPG qui a l'air sympa, même si pas forcément pensé pour les plus mordus du genre. Les testeurs évoquent un bon amuse-gueule en attendant le remake de Persona 3 prévu pour février (et le second Persona mystère de 2024). C'est disponible sur PC, Game Pass, consoles et Switch pour 60 €. On se demande combien de temps Atlus va encore réussir à tenir avant de lâcher un trailer de Persona 6.
• On n'y croyait qu'à moitié, mais la version Switch d'Hogwarts Legacy est bel et bien sortie cette semaine. Je vous vois pouffer au fond, mais préparez-vous à être surpris : ça tourne visiblement de manière correcte. Enfin, dans le sens « 720p à presque 30 fps » de correct, mais ça se joue quand même. Le portage a l'air honnête pour peu que l'on fasse abstraction des temps de chargements très fréquents et des graphismes forcément un peu moches, mais on pourra tout de même saluer la prouesse technique. Ça devrait largement faire le taf pour des gens qui se sont tapé des horreurs comme Légendes Pokémon : Arceus sans broncher. 50 € en version boîte.
• Les nostalgiques du disco, des cocktails mal dosés et des flaques de vomi dans des sanitaires enfumés vont sans doute frétiller de plaisir en apprenant la sortie de Disco Simulator : Prologue. Comme son nom l'indique, celui-ci vous invite à bâtir votre propre boîte de nuit en décorant les lieux, en embauchant du personnel et en veillant à ce que ces ingrats de clients ne râlent pas trop en voyant les prix sur la carte. Il faudra gérer le son, l'ambiance, les lumières, mais aussi le planning des évènements. Ce Prologue est une version démo du jeu complet qui sortira d'ici la fin de l'année sur Steam. Les retours sont positifs et c'est gratuit : pas de raison de se priver.
• Un peu de rab cette semaine pour vous parler de American Arcadia, un mélange de Limbo et du Truman Show dans une ambiance 70's somme toute sympathique. Dans l'idée, vous contrôlez la star d'une émission de télé-réalité qui s'ignore et dont la production veut se débarrasser. On alternera les séquences de plateforme avec le héros et celle en vue FPS de son ange gardien, qui l'aide à s'enfuir depuis les bureaux du studio TV. Les retours sont tous très positifs (notamment sur l'histoire), et le jeu ne coûte que 20 €. Une démo est disponible pour voir si ça vous branche.

Le trailer de la semaine

Catechesis sera le prochain jeu des créateurs de l'incroyable Yuppie Psycho, que je vous recommande chaudement. Comme d'hab avec le studio Baroque Decay, ça sera un jeu d'horreur en pixel art glauque-mais-pas-trop dans lequel on incarnera un enfant de choeur possédé par le démon. Le twist est que celui-ci agrandit les portes de l'Enfer qu'il a accidentellement ouvertes à chaque fois qu'il accomplit une bonne action. Il s'agira d'un RPG dans lequel on passera ses journées à l'école avant d'affronter des monstres la nuit. Pas de date de sortie pour le moment, mais je précommanderais immédiatement si je le pouvais tant les jeux du studio sont généralement excellents.

En vrac

• Netflix continue de bonifier son catalogue de jeux mobile et a annoncé la sortie courant 2024 d'une version iOS d'Hades. Rappelons que ce dungeon crawler a été plus que salué par la critique, affichant un score de 93/100 sur Metacritic. On notera également l'arrivée de quelques autres jeux séduisants comme le sympathique Katana Zero ou l'édition anniversaire de Braid (auquel je n'ai jamais accroché, mais apparemment c'est un chef-d'œuvre pour certains, allez savoir).
• Il y aura bien un remaster PS5 de The Last Of Us 2, qui sortira dès le 19 janvier prochain. Un trailer a été mis en ligne pour l'occasion, avec des détails sur les nouveautés à venir. Le principal ajout est un « mode roguelike » qui sera axé sur les combats et dans lequel on pourra incarner différents personnages de la série. Côté technique, le jeu prendra en charge la 4K en mode performance et tirera parti des capacités des manettes de la PS5. Le passage à cette version remastérisée sera facturé 10 $ pour les gens ayant déjà le jeu sur PS4 - les autres devront payer plein pot. Alors oui TLOU2 est sorti en 2020 sur PS4 et il est sans doute un peu tôt pour un remaster, mais si ça veut dire qu'on aura un portage sur PC dans quelques mois, je signe.
• Vous vous souvenez peut-être de I Wanna Be The Guy, ce jeu de plateforme freeware ultra difficile au level design sadique qui avait fait sensation à la fin des années 2010. Si vous avez toujours rêvé de créer vous-même des niveaux atrocement durs pour les partager à vos petits copains, bonne nouvelle : un éditeur de niveau ultra-complet est désormais disponible. Baptisé I Wanna Maker, celui-ci vous permet également de jouer à une petite campagne ainsi qu'aux quelques 240 000 niveaux créés par la communauté. Des plateformes, de la frustration et des larmes ad vitam aeternam : que demander de plus ?
• Forza débarque sur mobile ! Si vous vous imaginez déjà parcourir des circuits magnifiques en fond de cinquième dans un monde ouvert plein de vie, il va falloir redescendre sur terre : Forza Customs n'est malheureusement qu'un simple match-3. Disponible sur iOS et Android, ce titre vous invite à réparer des véhicules en résolvant des tableaux dans ce qui est présenté comme « le jeu de puzzle ultime sur le thème de la voiture ». Exactement ce qu'attendaient les fans de Forza, j'imagine.

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